3 décembre 2018
Interview avec le chef des opérations anti braconnage du Parc Bamingui Bangoran

Lutte anti braconnage, La parole à ... La parole à ...


Donatien Zelaba est depuis juillet 2018 le nouveau chef des opérations LAB (lutte anti braconnage) du Parc. Il nous raconte son expérience.

Donatien, depuis quand tu travailles comme surveillant pisteur dans la région de Bamingui Bangoran ?

A partir de 2006 j’ai commencé à travailler comme magasinier avec la société de chasse Idongo da Bangoran dans la zone cynégétique villageoise (ZCV) homonyme, et un an après je suis devenu le chef des activités d’anti braconnage dans cette ZCV. Ensuite entre 2014 et 2016 j’ai travaillé dans la même zone dans le cadre du projet appuyé par le RAPAC (le Réseau des aires Protégées de l’Afrique Centrale). Et finalement en 2016 j’ai commencé à travailler comme surveillant pisteur pour le Parc Bamingui Bangoran.

Avec le projet Ecofaune+, depuis janvier 2018 les activités LAB dans le parc ont redoublé d’intensité, après un arrêt de presque 2 ans lié aux activités des groupes rebelles dans le nord du Pays. Quelles ont été les conséquences de cette interruption sur l’écosystème du parc ?

Pendant ces évènements plusieurs espèces ont disparu du parc, les braconniers ont envahie la zone en masse ainsi que les transhumants qui ont commencé à utiliser le parc comme zone de pâturage pour leurs troupeaux. Le résultat est qu’aujourd’hui il n’y a plus d’éléphant, les hippopotames et les buffles ont presque disparus et il est difficile de voir toutes autres espèces. Pour plusieurs d’entre elles nous avons connaissance de leur présence dans certains secteurs du parc seulement par leurs traces, les observer est en général difficile, aussi parce que beaucoup d’eux sont devenus nocturnes.

Depuis juillet 2018 tu es le nouveau chef des opérations LAB. En quoi consiste ton travail quotidien ?

Je suis très fier de cette responsabilité qui m’a été confiée et de la confiance que mes chefs ont montré vers moi. Chaque jour je dois planifier les missions des équipes LAB sur le terrain, organiser la relève des équipes sur le poste avancé dans le parc, planifier le service de sécurité de la base. Quand les équipes rentrent avec des saisies ou des braconniers arrêtés dans le parc, je prépare le dossier pour que le Conservateur puisse monter le PV. Souvent j’accompagne aussi les équipes dans leurs missions, l’action sur le terrain reste pour moi une partie importante de mon travail.

Ecofaune+ terminera fin décembre 2018 pour passer le relais à Ecofac 6 et WCS dans la gestion du parc. Quels ont été les principaux résultats du projet Ecofaune+ ?

En première place la réactivation de l’activité LAB, avec le recrutement des 25 nouveaux pisteurs, la formation, les équipements. Cela a donné lieu à une reprise du contrôle du parc, le nombre de saisies d’armes et pièges des premiers mois d’activité le témoigne. En outre Ecofaune+ à réhabilités les infrastructures du parc, les bâtiments de la base et les pistes. Sans moyen lourd nous avons recouvert environ 700 km de pistes, ce qui nous donne la possibilité maintenant d’accéder et de contrôler une vaste zone dans le parc et dans les ZCV limitrophes. Enfin, Ecofaune+ a mis en œuvre deux cycles de formation professionnelles pour les jeunes de la zone et lancé des microprojets : tout cela est très importants vis-à-vis de la population locale.

Comment tu vois le futur du Parc Bamingui Bangoran ?

Ecofaune+ va déboucher dans le projet Ecofac 6, géré par WCS qui est en train de signer avec le ministère des Eaux et Forêts de la RCA un contrat de gestion du parc pour 25 ans : tout ça nous rassure sur le futur du parc. Il sera en tous cas très important de ne pas avoir des gap entre les deux projets : nous dépendons de l’aide externe car le gouvernement ne peut pas assurer le moindre fonctionnement de l’aire protégée et même un mois d’interruption des activité serait une catastrophe pour ce parc.