5 décembre 2018
Bilan de deux ans de monitoring dans le Parc National Bamingui Bangoran

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Malgré les dommages créées par les conflits des années passées, les données collectées depuis novembre 2016 montrent, surtout pour les espèces de plus petite taille, les effets positifs des stratégies de protection améliorée sur bases informées mises en place par ECOFAUNE+

Afin d’établir une ligne de base de l’abondance et la distribution de la grande faune et des pressions humaines après les années de guerre civile dans le nord RCA, Ecofaune+ a mis en place en 2017 et 2018 un monitoring de la grande faune et des pressions humaines dans le parc Bamingui Bangoran et les Zones Cynégétiques Villageoises (ou ZCV) limitrophes de Bamingui Bangoran, Koukourou-Bamingui et Idongo.

Les principales activités de cette composante étaient :
i) un sondage aérien, conduit en avril 2017 sur une superficie de 63.700 km2 (avec l’appui de WCS qui a fourni un avion et son pilote) ;
ii) un sondage pédestre (8.000 km2, entre mars et avril 2018), visant à récolter des données à plus petite échelle et à établir l’état des espèces de plus petite taille, nocturnes (ou devenues nocturnes à cause du braconnage), ou des grands prédateurs difficilement visibles d’un avion ;
iii) la collecte régulière des données écologique par les équipes de surveillants pisteurs (SVP) lors de leurs patrouilles anti braconnage sur le terrain ;
iv) un suivi de la faune à l’aide de pièges cameras placées autour des points d’eaux et des salines.

Les résultats du sondage aérien ont montré une présence intensive des bergers en saison sèche et des taux d’abondance de grande faune très faible, mais en même temps, un paysage relativement intact. De nombreuses espèces, historiquement présentes dans la zone, n’ont pas été observées : éléphants, hippopotames, autruches, grand koudou, damalisque, redunca, entre autres. Par contre, d’autres, telles que l’éland, l’hippotrague, le bubale et un petit groupe de girafes, étaient concentrées dans un rayon de 30 km autour de la base du parc.

Les résultats du sondage pédestre, de la collecte de données écologique par les SPV et des pièges cameras, ont été par contre plus encourageants, car ont confirmé la présence de lions, hyènes, léopards, colobes, patas, et espèces de plus petite taille comme mangouste, aulacode, pangolin, pintade, civette, genette, chacal, caracal. Autour de la base de Bamingui, les Indices d’Abondances Kilométriques en 2018 étaient 2 fois plus élevées qu’en 2010 pour l’hippotrague, le guib, le cob defassa, le singe vert, le babouin, le bubale et l’ourébi, et 50% plus élevés pour l’élands, le phacochère, le céphalophe de Grimm et le céphalophe a flancs roux.

Malheureusement, pour les espèces de plus grande taille, avec une plus lente reproduction et qui vivent généralement à des densités plus faibles, la reprise après les années de braconnage incontrôlé est plus lente. Le nombre de buffles, qui avait chuté presque à zéro pendant les dernières années, reste encore à un taux critique ainsi qu’une longue liste d’autres espèces : girafe, bongo, potamochère, hylochères, cob de Buffon, cob défassa, redunca, céphalophe à dos jaune, hippopotames, lycaons, oryctéropes. Aucun indice n’a été observé dans le parc et les ZCV pour les sitatunga, topis, grands koudou, céphalophe à front noir, autruches et guépards.
Les éléphants, autrefois très nombreux dans la zone (un sondage de 1977 estimait leur nombre à 35.000 !) sont, depuis quelques années, presque disparu. Seule une trace et quelques crottes ont été observées dans une zone de plus de 70.000 km2… Leur futur dans le nord RCA demeure très incertain si des moyens adaptés et une forte volonté politique ne sont pas réunis rapidement.

Les sondages aérien et pédestre, outre des informations clefs pour la gestion future de la faune, ont fourni des indications décisives pour guider de manière plus efficace les efforts des nouvelles équipes anti-braconnage recrutées et formées par Ecofaune+. En même temps la présence massive et capillaire sur le terrain des surveillants pisteurs lors du sondage pédestre a été l’occasion de « nettoyer » le parc de plusieurs campements de braconniers et de centaines de pièges.
La nouvelle ligne de base sur l’état de la faune dans le parc Bamingui Bangoran, après les années de guerre civile, servira de référence pour le monitoring à long terme de ces écosystèmes. Notre espoir est de voir les populations des grands mammifères retrouver le niveau des années 80.