5 décembre 2018
Batou, la surprenante forêt tropicale humide… du nord est RCA

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Dans le bassin du Lac Tchad il existe une singularité biogéographique : une forêt tropicale humide, au milieu des savanes arborées du nord. Une équipe d’Ecofaune+ est allée à la découverte de sa faune singulière.

Le Parc National Manovo-Gounda-Saint Floris, au nord-est de la RCA et à la frontière avec le Tchad, est pour sa grande majorité couvert par des savanes boisées et des forêts sèches typiques de la région biogéographique Soudanienne. Située à plusieurs centaines de kilomètres du massif forestier du bassin du Congo, elle bascule entièrement dans le bassin versant du Lac Tchad.

Cependant, en parcourant la limite sud du parc sur la piste qui relie Ndélé à Krakouma, on traverse, de façon assez inattendue, une zone de forêt tropicale humide : la forêt de Batou. L‘importance d’un tel écosystème pour la biodiversité de la zone est évidente : à côté des espèces d’animaux et plantes des savanes plus sèches du nord, on trouve des espèces typiques des plus riches forêts humides du bassin du Congo.

Une équipe Ecofaune+, partant de la base de Bamingui, a mené deux missions à Batou, pour évaluer l’état de la faune et le niveau de pression humaine dans cette zone.

Pendant une première mission de 4 jours, conduite par le coordonnateur du projet Andrea Ghiurghi et par l’expert Hilde Vanleeuwe, des recces (marches de reconnaissance) ont été menés à Batou. Cette première mission a permis de vérifier, outre la présence d’une activité de braconnage d’intensité modérée pratiquée principallemnt avec des pièges à câble métallique, la présence d’une riche faune composée entre autres par des espèces typiques du bassin du Congo. On ainsi été observés : le hocheur (Cercopithecus nictitans), le moustac (Cercopithecus cephus), le guereza (Colobus guereza) l’hylochère (Hylochoerus meinertzhageni), le bongo (Tragelaphus eurycerus), le céphalophe à dos jaune (Cephalophus silvicultor), mais plus étonnant pour cette zone géographique, le chevrotain aquatique (Hyemoschus aquaticus), ainsi que le cercopithèque pogonias (Cercopithecus pogonias), deux espèces, pour lesquelles nous ne connaissions, avant nos observations, aucun enregistrement dans le bassin du Tchad.

Une seconde mission de 8 jours, conduite par l’expert monitoring national du projet Antoine Abdoulaye avec une équipe de surveillants pisteurs, a été lancée avec l’objectif de ratisser la zone pour la destruction des pièges, et surtout récolter plus d’information sur la faune. Des caméras-pièges ont été déployées pendant une semaine pour vérifier la présence du chevrotain aquatique et d’autres possibles espèces nocturnes plus discrètes. Antoine, qui a une bonne expérience dans l’utilisation des caméras-pièges, a réussi à filmer plusieurs espèces. En particulier il a capturé les images, première fois à notre connaissance, d’un chevrotin aquatique dans le bassin du Tchad !

On espère que dans le futur, avec l’appui du nouveau projet Ecofac 6, cette magnifique et surprenante forêt sera encore mieux protégée et sa faune, singulière pour cette région du pays, continuera à prospérer.

La foret de Batou au sud du Parc Manovo

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